BATACLAN: en souvenir de Lola Ouzounian..

BATACLAN, en souvenir de Lola Ouzounian...

Lors de l’attaque du Bataclan, Lola Ouzounian, 17 ans, figurait parmi les victimes. Pendant plusieurs jours, il fût impossible de savoir si elle appartenait à la catégorie ” Blessés non-identifiés” ou “Morts non-identifiés”. Un calvaire pour ses parents et ses proches.

J’avais rencontré Lola, l’été d’avant.. Pendant ces quelques jours-là, de l’après 13 novembre, une amie, Astrid Waliszek, et moi-même, nous nous étions retrouvés, autour de ce cercle humain, pour tenter de savoir…

Et quand la nouvelle de la disparition, du décès, de Lola survint. Astrid m’envoya un texto que vous lirez tout en bas, dont la tristesse et le rayonnement sont infinis.

LA LOLA D’ASTRID, A NOUS TOUS.

Et c’est ainsi que cela s’est écrit.
Dans son for, Astrid avait intériorisé
la douleur de la perte de Lola
après avoir elle aussi, nourri,
comme tant d’autres ,
des espoirs espèrables,
vains.
Lorsqu’il s’est agi pour cette Lola,
devenue bien malgré elle,
l’enfant de tous,
d’accompagner ,de devancer ou,
là, ainsi, de devoir en dernier,
annuler semblables espoirs,
et surtout , au plus vite, d’en porter
pour elle d’autres,
autrement vitaux, beaux d’universalité
en retour,
Astrid est allée puiser
en son propre sein de mère.
Celui-ci, tout le corps
savaient la crainte
pour son enfant,
de quelque chose grave.
Femme de voyages
et de compréhension des esprits ,
des vues autres que siennes,
elle sentait quels dangers saisissaient
soudain et encore
le Bataclan maudit, Paris, la France et le monde,
jusque ces pays dits sources de ce nouveau Mal
absolu puisque le Front, la bataille,
étaient aussi sourdement là
pour ces peuples mêmes..
Orpheline d’espoir parmi mille autres êtres,
tous atterrés derrière le visage impossible
à prêter à la mère, au père, de Lola, Astrid écrivit ceci
qu’elle veut bien enfin livrer à cette fin inversée.
Non, rien de vraiment formel ou solennel,
juste des mots tapotés sur un téléphone, un « texto »,
parce qu’il fallait bien dire au moins pour soi-même,
à la rigueur quelqu’un.
Parce qu’il arrive un moment dans la vie et dans la mort,
où les mots ne sont qu’une matière parmi d’autres,
incapables de remplacer l’être cher,
y recourir alors serait un pis aller, une surenchère,
une indignité livrée à l’emphase publique.
C’est donc ainsi, sous réserve,
qu’il faut lire ceux qui lui sont venus.

Patrice Barrat.

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Astrid Waliszek
Sans titre:

“L’ici s’est ouvert,
fendu, l’aujourd’hui
J’ai acheté
quelques renoncules
blanches – bien sûr blanches,
pour ton manteau d’hiver,
celui qui n’en finira plus.
À doucir
l’infini froid de ton ailleurs
corolles givrées
pour l’éternité à venir
qui veilleront sur ta nuit
Toi l’enfant de lumière
Toi ton sourire à semer pour demain”

A.W